Du vin au sel : histoire des Greniers du Chapître. Ils appartiennent, au XVème siècle, à la Collégiale Saint-Lazare. Les textes mentionnent les greniers car, à cette époque, il s’agit de deux bâtiments accolés l’un à l’autre : l’actuel Grenier à Sel et la maison attenante.
L’histoire du sel remonte à l’antiquité. Il est resté très longtemps le seul moyen de conserver les aliments. Il était donc un élément essentiel voire stratégique. Dès le XIIème siècle, les rois l’ont compris et s’accaparent le monopole et la vente de ce produit. Saint-Louis, en 1246, en fait une taxe temporaire. Elle sera reprise par Philippe IV le Bel en 1286. Elle devient une taxe permanente sous Philippe VI de Valois, qui la généralise sur l’ensemble de son royaume. En 1343, par ordonnance du roi, le sel devient un monopole d’Etat. Il fait alors l’objet de stockage très surveillé dans les greniers royaux. Cet impôt sera aboli par l’Assemblée nationale constituante en 1790. Il réapparait sous Napoléon 1er en 1806. Puis à nouveau supprimé sous la IIème République. Il faudra attendre la loi de finances de 1945 pour qu’il soit définitivement abrogé.
Au Moyen-Âge, la Collégiale Saint-Lazare possède de nombreuses vignes aux alentours. Le commerce du vin est une de ses principales ressources. Le premier bâtiment renfermait le pressoir et le matériel pour le travail de la vigne et du vin. Dans le second, la vinée avec deux caveaux. Subsistent sur sa façade les traces d’un double portail et d’une petite baie.
En 1731, le Chapître a besoin d’argent. Il loue le pressoir à la Ferme Générale (les percepteurs de l’Ancien Régime) qui en fait un grenier à sel. Le bâtiment servira donc, à la fois, d’entrepôt pour le sel et d’édifice fiscal pour la perception de la gabelle, impôt sur le sel à cette époque. Celui d’Avallon en contient 980 m3 (soit une piscine de 25 m). C’est le dépôt où s’approvisionnent les regrattiers (seuls revendeurs autorisés) qui assurent la vente au détail. La maison attenante est acquise par la Ville d’Avallon en 1860 pour en faire le presbytère. Puis, elle sera vendue à un privé en 1989.
D’après les témoignages, on sait que l’actuel Grenier est muré et abandonné en 1912. La ville d’Avallon l’achète en 1968. Depuis il a été entièrement restauré. Il accueille chaque année de nombreuses expositions, des concerts, des spectacles et des conférences. Le grenier d’Avallon est un des rares à avoir survécu de nos jours.
©, Avallon Patrimoines en Bourgogne